Une tache d’encre
Olivier Schefer
Une tache d’encre raconte une fêlure d’enfance. En retrouvant, après la mort de sa mère, un encrier, le narrateur revisite son passé comme le ferait un voyageur. Aussi le suivons-nous dans les trains de nuit, à Venise en hiver, dans les Pyrénées ou les cinémas parisiens. Revenant sur ses pas, le narrateur redécouvre la relation complexe et si mystérieuse à ceux qui ont traversé ou habité son enfance.
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Une tache d’encre
Olivier Schefer
L’un après l’autre, nous sortons un objet d’une boîte à chaussure et d’un coffret en ivoire. En ce lieu où tant d’anniversaires furent célébrés, nous donnons pour nous seuls une drôle de fête qui ressemble étrangement à un anniversaire à l’envers. Il s’agit de partager, de reprendre, de s’offrir ce que nous lui avions quelquefois offert ou qu’elle avait reçu d’autres mains. Autrefois, il y a longtemps, j’avais appris que « Donner c’est donner, reprendre c’est voler. » Une fête d’anniversaire, une célébration de cadeaux à Noël, ces moments d’allégresse dissimulent une zone d’ombre – une phrase triste, un agacement, un flottement imperceptible – qui préfigurent des ébranlements plus violents et des glissements de terrain.