Un seul souvenir
Olivier Schefer
Rien n’est simple dans une rencontre amoureuse, encore moins lorsqu’elle a lieu dans les Balkans dont, comme le narrateur, nous ignorons tout ou presque. Pour des recherches iconographiques, un historien de l’art parcourt la Bulgarie, la Serbie et la Macédoine, et nous fait découvrir la géographie de l’Orient, les splendeurs byzantines, les strates historiques si complexes de ces pays malmenés par les guerres, les réminiscences (et les clichés !) littéraires de Théophile Gautier à Lamartine, la modernité d’Orhan Pamuk, les nuits d’orage sur le Mont Athos.
Il suffit de savoir regarder, de déchiffrer les images pour que, dans le mystère des rencontres, surgisse l’éblouissement.
Lire un extrait
Un seul souvenir
Olivier Schefer
« Comme rien n’est simple ici, je découvre que ces voyages touchent un point nodal de ma propre histoire ou plutôt du roman familial dont je me retrouve le dépositaire un peu embarrassé. Peut-on se souvenir de choses que l’on n’a pas soi-même vécues ? La mélancolie n’est peut-être que cela. Et c’est en quoi elle diffère essentiellement de la nostalgie.
La nostalgie est une tendresse à l’égard d’un passé bien connu et dont le nostalgique connaît les moindres recoins, comme une maison souvent parcourue. Il regrette ce qui n’est plus mais il sait qu’il peut s’absenter là-bas pour trouver quelque consolation. La mélancolie est l’attachement désespéré à l’égard d’un passé disparu, auquel l’être mélancolique n’est peut-être relié que par un seul souvenir.
Le premier est un collectionneur, il s’enferme dans une chambre où il lui est loisible de consulter les moments passés comme s’il s’agissait de papillons épinglés sur une planche ou de pierres précieuses rangées dans des boîtes ; le second ne possède rien, c’est un errant qui descend dans la nuit. »