Une saison
Sylvie Bocqui
Elle est gouvernante d’étage dans un hôtel de luxe de la Riviera. Elle veille à ce que les chambres soient impeccables, passant de l’une à l’autre sans jamais croiser personne, ou rarement, se tenant constamment sur la ligne ténue qui sépare le public du privé. Elle est dans la solitude la plus complète, tout en faisant partie du grand corps vivant de l’hôtel auquel elle semble appartenir.
Tout ce qu’elle voit, ce qu’elle sent, touche, entend s’imprime en elle sans que l’on sache vraiment ce qu’elle en pense. Comme tous ces parfums qui l’obsèdent et qu’elle emporte avec elle, sur sa peau, odeurs volées qu’elle classe, répertorie, note dans un carnet.
Cette jeune femme à fleur de peau, si discrète et transparente, s‘alourdit en secret de ces preuves de vie comme pour résister à cette envie de disparition qui la hante.
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Une saison
Sylvie Bocqui
Elle aime bien marcher en bleu marine dans les
couloirs très longs de l’ hôtel. Elle a expérimenté plusieurs
genres de démarche et en a trouvé une, mécanique mais
élégante, qui la déporte sans la faire bouger. C’est au
cliquetis métronome du lourd trousseau de clés qui pend
à sa jupe qu’elle sait qu’elle est juste.