On ne peut pas toujours voyager
Élisabeth Foch-Eyssette
Élisabeth Foch-Eyssette a parcouru le monde dans cette oscillation propre à chacun d’entre nous qui nous fait désirer l’ailleurs pour mieux rêver au retour. À la manière de Sei Shônagon dans Notes de chevet, elle écrit aussi bien les choses qui invitent à prendre le large que les rencontres de ceux qu’on n’oublie pas. Et cède, avec le même bonheur, à l’élan des départs et au désir d’ancrage, aux joies de la vie nomade et de la vie sédentaire. Le territoire intime devient alors aussi exotique que celui du détroit de Magellan où les coquillages sont broyés par la rencontre des Océans, ou que la nuit de l’Altiplano bolivien qui, vue d’une remorque de camion, vous laisse plein d’étoiles dans les yeux.
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On ne peut pas toujours voyager
Élisabeth Foch-Eyssette
La sensation éprouvée en arrivant dans un pays est volatile. Si on ne la note pas dans l’instant, elle disparaît comme un paquebot derrière la ligne d’horizon. En quelques jours, l’exotique s’estompe. On ne le voit plus et on ne le verra plus jamais avec innocence. Quelques séquences demeurent :
Le son mat d’une fleur de frangipanier qui tombe au sol.
Le balancement du battant des cloches dans les temples coréens : un poisson qui vogue dans les courants d’air.
Le goût d’un petit ananas épluché en spirale, que l’on déguste en le tenant par les feuilles.
Le son du gecko qui rythme la nuit comme un métronome.