L’Arbre à singes
Vincent Hein
À travers la Corée, le Japon, la Chine, la Mongolie, Hong Kong, Vincent Hein poursuit cette odyssée intime commencée avec À l’est des nuages.
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L’Arbre à singes
Vincent Hein
Du haut de ce grand mur rigoriste, dont la dalle usée et tiède rend la promenade agréable sous le pied, je prends plaisir à regarder les toits pointus, légers, sombres, hypnotiques et presque ondoyants, puisque vue d’ici la ville intérieure ressemble à une petite mer du Nord sous force quatre, qu’un simple mouvement de bras d’un Moïse bouddhiste suffirait à écarter ou à faire disparaître. Disparaître... Toujours ce sentiment à peine voilé, cette impression que rien n’existe vraiment, que tout ce qui enferme d ’habitude – un temple, cette muraille, la ville entière, certains de ces habitants – pourrait fort bien se faire effacer par la première brume venue ou qu’il suffirait de se retourner trop vite, pour ne plus trouver qu’un désert de sable derrière soi.