Éclats d’enfance
Marie Sizun
Il est des enfances dont il est difficile et parfois douloureux de retrouver le cadre. C’est pourquoi Marie Sizun a attendu des années avant de se décider à revoir ce quartier du XXe arrondissement où elle a grandi.
Soucieuse d’éviter « l’immeuble de briques rouges » du huis-clos familial, avec ses secrets et ses drames, c’est à travers les rues familières de ses parcours d’enfant qu’elle nous conduit, faisant lever les bons comme les moins bons souvenirs en autant d’éclats lumineux qui ressuscitent le Paris des années 1950, mais qui, surtout, racontent les émotions et les rêves qui font passer de l’enfance à l’adolescence, et orientent définitivement les choix de l’adulte.
Pourtant les rues d’avant étaient toujours là, dans la tendresse de leur tracé familier, la poésie de leurs noms, et la plupart des anciens immeubles, ceux qui n’étaient pas trop vieux, pas trop bas, et le ciel, et la couleur du temps, et la tristesse et la gaîté de ce quartier populaire, avec ses bruits bien à lui, ses cris et ses rires, cette étrange rumeur qui sourdait de l’air, des trottoirs, des murs, altérée peut-être, mais persistante derrière le bruit des voitures : c’était cette rumeur ancienne que j’entendais encore, la musique du quartier, celle que je connaissais, que je reconnaissais.
Ce récit authentique et poignant, mais toujours retenu, Marie Sizun l’a conçu comme un roman, et il se lit comme un roman.