Une vie de soleil
Jean-Marie Planes
Si, dans Le Chemin de Macau, Jean-Marie Planes revenait sur sa vie en parlant des maisons qui avaient compté pour lui, c’est en se souvenant des plages qu’il a assidûment fréquentées qu’il précise son propos. Il aura suffi d’une visite chez un dermatologue lui montrant des taches apparues sur son visage pour que la réponse poétiquement médicale que lui fait le médecin, « ça, c’est une vie de soleil ! », ouvre la boîte à souvenirs.
Et nous partons avec lui pour les plages de son enfance, Biarritz, Arcachon, l’île de Ré, où l’on sent que l’alchimie de l’eau, du soleil et du sable sera vite indispensable à celui qui, toujours, préférera les vagues et le vent pour se sentir en vie et peut-être aussi, quelquefois, heureux. Les plages de l’enfance avec pelles et râteaux ne sont pas celles de l’adolescence, qui sont bien différentes aussi de celles où l’on va, adulte, seul ou accompagné, pour jouer à d’autres jeux, plus secrets, plus délicieusement interdits.
À chaque époque de sa vie, l’auteur a fréquenté les plages. Elles sont récréatives, lorsque, jeune professeur à Arcachon, il corrigeait ses copies assis sur une dune où les grains de sable se mêlaient aux feuilles annotées ; consolantes, pour fuir l’annonce imminente de la mort d’un père, ou plus équivoques quand les jeux du désir mènent la danse. On retrouve même la désolante plage d’Ostie où Pasolini perdra la vie. Une vie de soleil est une ode aux rivages, où la lumière, l’espace et le sentiment de liberté donnent un instant l’impression d’être protégé de tout, et du pire aussi.
Dans ce beau texte, Jean-Marie Planes s’interroge : Que cherche-t-on sur une plage ? Et il semble bien avoir trouvé une réponse : Cette certitude si frêle de jeunesse, d’une heureuse apparence, de cet air de bonheur, trompeur.
Prix de l’Académie française Maurice Genevoix, 2019.