Manhattan
Anne Révah
Elle part. Elle fuit après avoir appris l’inacceptable.
Cette douleur lancinante sur son avant-bras, cette tache étrange qui, par ses contours, lui fait penser au plan de Manhattan ont livré leur secret : son temps est compté, et c’est seule qu’elle décide d’affronter ce qui va venir et qui parlera de déclin, de déchéance et de souffrance.
Elle n’a pas peur, non, mais, avant de disparaître tout à fait, elle veut mettre de l’ordre dans sa vie. Éventer les secrets, combler le vide sur lequel elle s’est construite et qui maintenant la rattrape.
C’est une lettre qu’elle choisit d’écrire, une seule et longue lettre à sa mère, où les mots, si longtemps retenus, coulent comme un torrent, emportant sur leur passage la vie d’avant, les secrets, les mensonges, les blessures non refermées.
Elle écrit et se délivre, fait place nette, se retrouve enfin et peut, apaisée, aller vers son destin.