Lettre sur le bonheur
Matias Aires
« Moi qui ne suis ni flatteur ni importun, qui ne suis ni érudit ni soldat, quel chemin vers le bonheur dois-je prendre ? Sans guide, sans boussole, sans lumière qui me conduise, j’aurai bien du mal à trouver cette déesse cachée et inconstante. Celui qui navigue sans étoile a son naufrage assuré ; et celui qui n’avance qu’en titubant, quelle fortune peut-il obtenir ? »
Grand voyageur, Européen ancré dans le siècle des Lumières, Matias Aires (1705-1763) a vu du monde tout ce qu’il voulait en voir. De sa retraite philosophique au Portugal, il nous adresse une Lettre sur le bonheur poignante comme les fados des rives du Tage. On y retrouve sans doute la sérénité et la clairvoyance d’un Montaigne, mais ce qui le caractérise d’une façon inimitable, c’est un ton amical, désabusé, nourri par une grande sensibilité. Ses réflexions sur la vanité de l’amour, du pouvoir et de la connaissance sont semblables à celles qui nous assaillent parfois, mais qui fondent, aussi, les bonheurs tranquilles, ceux qui sont empreints d’une certaine nostalgie, de l’intraduisible saudade lusitanienne.