Lettre ouverte aux voyous
Albert Simonin
Cette lettre ouverte est en réalité la description d’un monde qui, désormais, n’existe pas plus que celui des personnages de La Comédie humaine. Les mœurs des voyous ont bien changées, et nos truands d’aujourd’hui ne semblent plus vraiment régis par le code de l’honneur cher à Simonin. Mais la force des grands écrivains, c’est de donner vie à des caractères, des destins trempés dans l’intemporel, et de faire lever dans le cœur des lecteurs des émotions qui, elles, ne « passeront » jamais.
Albert Simonin est un homme de haute culture qui ne s’est jamais pris au sérieux, et c’est avant tout un grand écrivain : on s’en rendra compte à la lecture de ces deux textes (suivis d’un glossaire de l’argot du Milieu). Mais si le monde des voyous fascine Simonin, c’est en premier lieu par la langue, le vocabulaire, la grammaire et la syntaxe. Depuis François Villon, le Milieu a toujours connu ses « compagnons de route », et des écrivains comme les Darien, Carco et autres Boudard ont en France leur place d’honneur à la fois dans la truanderie et dans les lettres.
Ces deux fantaisies littéraires, truculentes et percutantes, méritent de rencontrer de nouveaux lecteurs, jeunes et enthousiastes, et si l’argot de ce Milieu-là peut nous sembler d’un autre âge, rien ne nous empêche de lui trouver place à côté des autres grandes « langues vertes » historiques : les jargons, jobelins, javanais, et autres verlan.