Les Morts debout dans le roc
Béatrice Szapiro
Une coutume irlandaise, placer les morts debout dans le roc. On retrouva un des squelettes de la famille, ses bagues tombées sur ses pieds. Presque toute ma famille, au cimetière. Ensevelir mon passé.
Le ton est donné : Béatrice Szapiro nous donne à lire celle qui n’est plus mais dont on perçoit toujours la voix, sa mère, « retirée » du monde, morte de la maladie de Parkinson et plus que jamais présente par la force de l’amour que lui porte sa fille, mais aussi par le portrait d’une grand-mère irlandaise bien en vie – grand écrivain, elle aussi (Béatrix Beck).
La mère absente, c’est le trait d’union entre ces générations que la littérature a liées puissamment entre elles. C’est une force tellurique – comme toujours en Irlande, on voit apparaître les elfes et les fées ! – qui anime ce texte beau et douloureux, texte de deuil et de connivence entre ces trois femmes de la littérature qui se sont aimées et s’aiment par-delà même les liens du sang.
Comment survivre au vide si ce n’est en se construisant sur lui, à partir de lui ?
C’est là aussi le sens caché et porteur d’espoir de ce texte profondément vivant.
Après La Fille naturelle (Flammarion, 1997), texte bouleversant sur son père Jean Edern Hallier, Béatrice Szapiro aborde avec grâce le versant féminin de cette étonnante famille.