Le faux-fuyant
Alexandre Kauffmann
Une altercation qui tourne mal et le narrateur, après un séjour au dépôt de police, fuit la France pour le Mozambique. Ce départ précipité ressemble à une cavale. Le fuyard laisse derrière lui une vie médiocre, une fiancée improbable et une accusation de mort d’homme suite à une bagarre. À Maputo, Mozambique, l’attend Luis Matule, ancien broussard au lourd passé, reconverti en tenancier d’un hôtel miteux où se succèdent des routards en bout de course, ces fameux backpackers qui sillonnent l’Afrique sac au dos.
Commence alors une étrange cohabitation, où l’on apprend que Luis Matule n’héberge pas le fuyard pour des raisons aussi humanitaires que l’on croit. On découvre alors la mesure exacte de la misère et du climat de corruption généralisée qui règne dans un Mozambique à peine sorti de la guerre, où le héros, allant de surprise en surprise, finit par comprendre la vraie raison de sa présence dans ce bout du monde miteux.
À qui profite la fuite ? C’est cette question qui, d’un coup, fait basculer le roman.
Alexandre Kauffmann réussit ici une double gageure : transformer un thriller en un témoignage saisissant, sorte de grand reportage sur l’état de délabrement d’un ancien pays colonisé, le Mozambique. Délabrement économique, délabrement psychologique, mais aussi politique. D’une histoire particulière, il élargit son propos et nous brosse un portrait de l’Afrique dans ce qu’elle a de plus violent et désespéré. L’écriture, toujours tenue, le ton souvent teinté d’humour font de Fuite à Maputo un roman qui n’en finit pas de nous étonner.