Le Pays vide
Catherine Guillebaud
Que fait François Ricci, écrivain en mal d’inspiration, à Shibam, ville du Yémen posée au milieu de l’Hadramaout, à la lisière du grand désert d’Arabie, le Rub al-Khali ? Que s’est-il passé pour que ce lieu improbable le retienne, sans espoir de retour ?
Ce qui devait être un séjour organisé dans le cadre d’une bourse littéraire se transforme peu à peu en fuite irrémédiable où rien ni personne ne pourra détourner François de son projet.
Lentement, il se défait de son ancienne vie, de ses peurs, de ses ruses et de ses accommodements. Et dans ce lent mouvement de déconstruction, tout paraît plus clair, plus apaisé. En allant dans les pas de François Ricci, Catherine Guillebaud lève le voile sur ce sentiment si particulier qu’est le désir de disparition.
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Le Pays vide
Catherine Guillebaud
Il ne porte plus sa montre. Il préfère se laisser couler sans se soucier du temps. Seul le recul de l’ombre sur le sol poussiéreux lui sert de repère. Tout à coup, sa tête cède sous le poids du néant et son mouvement saccadé le tire du sommeil. Alors, tout reprend : le bruit, l’affairement, le crissement du sable soulevé en nuage autour des camions qui disparaissent au bout de la piste. La piste. Celle qui mène à Seiyun et, plus loin encore, à Tarim. Après ? Après, il ne sait pas.