Le Livre des séjours et des lieux
Mathias Rambaud
« Avant de lier aux êtres, l’amour lie aux lieux. Tel horizon marin où se respire l’appel de la vie neuve, telle lumière qui distribue la terre en pleins et vides et permet que soit composé un paysage, tel vent qui se lève soudain, venu de nulle part, telle chambre, tel jardin aussi bien : voilà les vraies, car indéfectibles, ligatures. Ces lieux sont ceux que l’on a quittés, ceux dont on est privé, ceux qui se tiennent désormais dans le lointain et qui causent notre tristesse (aussi les grands nostalgiques sont-ils de grands sensuels par voie de dégradation, le corps présent valant comme ersatz du lieu perdu). »
Platon rapporte qu’Aristophane définit l’amour comme séparation…
Ce sont les premières lignes d’un homme hanté par les lieux de l’enfance, par les rêves, par le ressac de la mer – hanté par ce qui demeure. Promenade d’un rêveur solitaire qui parcourt Narbonne, Montpellier, le Languedoc ; rêverie d’un égaré qui se souvient des chiens errants, des étangs, des lisières, des humiliations, des départs ; méditation d’un philosophe qui débusque la lumière dans les livres et l’amour dans l’écriture et qui, s’interrogeant sans cesse sur le lieu et le lien, ouvre avec ce texte une brèche souveraine et merveilleuse dans la littérature.