La morue de Brixton
Timour-Serguei Bogousslavski
« J’ai été roi. Un tout petit, un roi-morpion, mais roi quand même. La preuve ? Pendant plus de vingt ans j’ai battu monnaie, privilège royal, comme on le sait. Cela sans être pris ni condamné, car selon les lois de la canaille républicaine elle était fausse, ma monnaie. Ce n’était pas mon sentiment : dans un monde où tout était faux, comment eût elle pu l’être ? En tout cas, suffisamment vraie pour tromper la flicaille, et, plus délicat, la banquaille. »
L’auteur de La Morue de Brixton, jeune écrivain de quatre-vingt-quatre ans, aborde ce récit sans pareil par cet aveu.
Vrai graveur, faux-monnayeur et orfèvre, fou de beauté et sans cesse amoureux, ami des truands et des puissants, confident de Cocteau, Picasso, Léger, jaloux de sa liberté mais embastillé quelque fois (à Clairvaux, en Espagne, à Brixton) Timour Serguei Bogousslavski nous entraîne dans une sacrée bourlingue !
Enfances, amitiés, coups durs ou fumeux, fidélités, tendresses, guerres, vacheries, portraits au vitriol, tout est brassé, fondu dans un style admirable, avec une intelligence et une maîtrise de cette langue française, qui est, du propre aveu de l’auteur, la seule patrie qu’il se reconnaisse.