La Fugue
Richard Torrielli
Elle était partie. Partir, se mettre en mouvement, découvrir les gestes nouveaux du départ. De l’abandon. De la rupture. Inventer les gestes : enfourner des vêtements à la hâte dans un sac,
vérifier la présence de sa carte d’identité, marcher sur la pointe des pieds le long du couloir encore sombre de la nuit, tirer la porte d’entrée avec une infinie douceur, elle qui ne savait que la claquer de colère.
Du Perche à Paris, en passant par une île atlantique, Rome, le Cambodge et Bologne, le chemin de la petite fugueuse va croiser celui d’autres évadés de leur destin. Elle va rencontrer d’autres faiblesses, d’autres culpabilités. Un routier déclassé, un brigadiste défroqué, un couple en mal d’amour. Elle vivra des présents et des passés ineffaçables. Le temps des montres n’est pas celui des méandres des souvenirs. Ni celui de l’Histoire, dont la violence ne dédouane personne de la culpabilité sourde qui reste, lorsque tout a été effacé.
La Fugue est un texte sur l’insatiable besoin de dompter les démons du passé. C’est aussi une partition en forme de fugue, toujours en mouvement, faisant s’entrecroiser des destins ordinaires mais dont la rencontre nous fera entrevoir un début d’apaisement.