L’Alphabet des femmes
Guéorgui Gospodinov
Voici vingt récits de Bulgarie qui devraient vous donner l’envie de prendre le train jusqu’à ce pays dont on ne sait rien si ce n’est que le coeur des gens y bat à tout rompre pour des raisons toutes semblables aux notres. Car c’est bien l’humanité qui passionne Gospodinov ; mais cet enfant terrible de la littérature Bulgare adore changer de point de vue. Ce sont des histoires naturelles qui à la façon d’un kaléidoscope nous découvrent le monde dans les divers mouvements de la vie : la douleur de l’amour (une rencontre de passagers dans un hall de gare), les états d’âme d’un cochon - sacrifié - le jour de Noël, la distorsion d’un regard (l’oeil gauche voit dans le passé et le droit dans l’avenir), la conversation entre deux étrangers, l’enfance, bien sûr, bref toutes les inquiétudes et les fous rires d’une vie.
La modernité de Gospodinov, l’attachante modernité, c’est son style : vif, intelligent, il place ses personnages entre lucidité et ironie, et leur fragilité nous les rend extraordinairement présents. C’est un auteur drôle, érudit, cru, trivial et sophistiqué. Terriblement attachant.