(Discours de) La Servitude volontaire
Étienne de la Boétie
Au chapitre 28 du premier livre des Essais – « De l’amitié » –, Montaigne prétend que « sa suffisance ne va pas si avant que d’oser entreprendre un tableau riche, poli et formé selon l’art », et qu’il s’est « avisé d’en emprunter un d’Étienne de La Boétie, qui honorera tout le reste de cette besogne ».
Cette « besogne » n’étant rien de moins que Les Essais, on est en droit de penser qu’outre les devoirs d’amitié Montaigne manifestait pour le texte de son ami assez de considération pour avoir eu un temps l’idée de l’introduire au beau milieu de son grand œuvre.
Cette Servitude volontaire, la Boétie l’écrivit « par manière d’essai en sa première jeunesse (dix-sept ans) à l’honneur de la liberté contre les tyrans ».
Jugeant que ce texte avait été modifié et publié par « ceux qui cherchent à troubler et changer l’état de notre police sans se soucier s’ils l’amenderont [les protestants] », Montaigne s’est « dédit de le loger ici » pour lui substituer un autre ouvrage de son ami, « produit en cette même saison de son âge plus gaillard et plus enjoué » : les vingt-neuf sonnets intégrés au chapitre 29 du premier livre des Essais – pour Madame de Gramont –, laquelle allait devenir la maîtresse d’Henri IV. Mais le sort qui avait empêché l’introduction de La Servitude volontaire dans Les Essais va de même, dans la première réédition, faire disparaître les sonnets de l’œuvre de Montaigne. On les trouvera en annexe à cette édition de La Servitude.
Également en annexe, nous proposons la lettre que Montaigne écrivit à son père sur la mort de La Boétie, lettre qui est un des chefs-d’œuvre de la littérature épistolaire.