Dernières nouvelles des oubliés
Didier Duprat
Ils n’ont pas de prénom. Ils sont infirmes moteur cérébraux, drogués en cure, enfants abandonnés ou femmes à la dérive. Ce sont les oubliés.
Recueillis dans des structures médicalisées, des foyers, ils font partie de cette cohorte de gens à problèmes, inclassables et dérangeants. Ils vivent dans leur nuit, très loin de nous. Pourtant, il suffit d’un regard bienveillant, débarrassé de tout jugement ou même de cette pitié condescendante, et ils apparaissent pour ce qu’ils sont : des êtres humains. Avec leurs peurs, leurs manques, mais aussi leurs extraordinaires richesses.
C’est ce regard-là, pudique et attentif, qu’il nous est donné de partager dans Dernières Nouvelles des oubliés, qui, loin de toute complaisance et voyeurisme, nous emmène, le temps de quelques nuits, dans le monde de ces malchanceux de la vie.
Violence, désespoir, folie, mais aussi tendresse, besoin de l’autre, humour, tous les sentiments affleurent sans jamais que l’un prenne le pas sur l’autre.
Le narrateur, surveillant de nuit dans différents centres, nous restitue sous forme de textes courts, ces bribes de vie qui finissent par constituer un vaste chant d’amour. Comme si son regard leur rendait, finalement, ce dont ils ont le plus besoin, leur humanité.
L’écriture de Didier Duprat, dans sa simplicité et sa force, nous attache longtemps, et nous ne sommes pas prêts d’oublier ces Oubliés.