Correspondance avec la Mouette
Lydia Mizinova, Anton Tchekhov
Avant d’être une correspondance, ce livre est avant tout une histoire d’amour qui traversa à divers titres toute la vie d’Anton Tchékhov et de Lydia Mizinova. Et c’est aussi une histoire sublime et tragique de la création, indissociable du mouvement de la vie, de ses passions, de ses joies en exaltations et de ses drames.
Lydia Mizinova inspira le personnage de La Mouette. Si d’évidence nous retrouvons chez Tchékhov épistolaire les mêmes qualités d’écriture que chez Tchékhov auteur (concision elliptique, ironie, sens de la formule, humour, force d’évocation, puissance d’analyse), il n’en reste pas moins que Lydia Mizinova exprime elle aussi, avec une belle force et une grande justesse, le désir et la détresse.
Cette correspondance croisée, l’histoire qu’elle nous fait partager, son rythme même, nous font penser de façon saisissante à une nouvelle de Tchékhov. Leur histoire, ce qu’ils se disent, ce qu’ils se taisent, l’exil parisien de Lydia, la mort de son enfant, son courage, leur humour, tout ce petit théâtre de séduction et d’indifférence qu’ils mettent en place, a beaucoup à voir avec la façon que Tchékhov a de nous emporter dans son œuvre – à « bas-bruit », incidemment – et de nous faire vivre le « drame (parfois heureux) de l’existence ».