Cœur d’acier

Patrick Boman a parcouru le monde dans tous les sens. C’est un familier de la Chine, de la Corée et du Japon, de la Turquie comme de la Patagonie ; il est chez lui en Inde (Retour en Inde). Mais son dernier récit de voyage (voir l’incipit ci-dessous) est décidément singulier :

Mi-novembre 2009, dans un restaurant indien du nord de Paris, avec deux amis : « Alors, tu pars bientôt ? – Oui. – Tu vas où ? – Là où personne ne va. Trop gore. – Tchéchénie ? – Non. – Sud-Soudan ? – Non plus. – Alors ? – Haute-Marne, Meuse et au-delà. – En effet !

À la façon de Raymond Depardon, Patrick Boman s’attache à regarder et à décrire une terre fantôme, c’est-à-dire à la fois habitée et désertée par une histoire forte, qui fut celle de la Champagne-Lorraine. De Saint-Dizier à Saint-Dié, de la Haute-Marne à la ligne bleue des Vosges, en passant par les Ardennes, dînant de pied de cochon ou de kebab, allant sur les traces de Charlemagne ou de Le Corbusier, évoquant dans les cafés les faits divers (comme l’affaire du petit Grégory), ou les tragédies de la guerre 14-18 et l’effondrement de la sidérurgie, Patrick Boman sait nous rendre formidablement présent et attachant ce grand quart nord-est de la France au cœur d’acier.