Chaos sublime
Massimiliano Fuksas
« Il faut accepter d’emblée la logique du désordre urbain. D’où le chaos. Un chaos sublime ».
Ce livre est l’histoire d’une amitié, puisqu’il est issu de vingt ans de conversations avec Paolo Conti, écrivain et journaliste italien. Il est né aussi du besoin de comprendre les processus de création contemporains, en tenant compte des passions politiques et sociales de notre temps qui ont bouleversé et bouleverseront notre façon d’habiter la ville.
C’est à travers cette vision de l’architecture que sont abordés tous les grands thèmes contemporains des croissances des villes, des banlieues, des œuvres d’art comme des faillites de l’architecture.
TABLE
Ce que l’architecture n’est pas
Matériaux
Reflets sur l’eau et grues dans le ciel
Le développement sans fin de la ville
Imposer c’est détruire
On n’intervient pas sur une jambe saine
Adieu au mécénat
Les gens qui viennent
Trilogie italienne
Je ne suis jamais allé à un enterrement
Conclusions
Lire un extrait
Chaos sublime
Anne Bourguignon, Massimiliano Fuksas
Tentative de définition (en creux) de l’architecture
– L’architecture n’est pas une discipline.
– L’architecture n’est pas rigueur (rigor mortis).
– L’architecture n’est pas une « profession ».
– L’architecture n’est pas une vocation. Quand j’avais sept ou huit ans, je ne jouais ni avec des cubes ni avec des jeux de construction. Je n’ai jamais eu la « vocation de l’architecte ». Je lisais et j’écrivais des poésies.
– L’architecture est intéressante quand elle n’est pas « l’architecture » mais qu’elle s’inspire de la géographie, de la nature, de l’eau et de la terre.
– Elle n’est pas intéressante quand elle naît de l’architecture.
– Il est préférable de tout expérimenter en tenant compte de trois incontournables :
– Le monde de l’art, parce que l’architecture appartient à l’art, comme l’art appartient à l’architecture ;
– La passion politique ;
– La culture, au sens le plus vaste possible.
– Concevoir un bâtiment, l’espace qui l’entoure et le soutient, ne peut être pensé uniquement en termes techniques, ni même architecturaux. Il faudra prendre en compte le contexte qui est fondamental. Et il faut en être imprégné.
Chaos. Chaos sublime
Edward Norton Lorenz, auteur de la célèbre phrase "le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas", a consacré des années d’études et des recherches, entre la physique et les mathématiques, afin d’établir un système parfait de prévisions des changements climatiques. Il y a finalement renconcé en comprenant qu’une décimale de plus ou de moins suffisait à tout bouleverser.
C’est l’imprévisibilité. Sa théorie du chaos déterminant.
Cette idée modifie notre façon de concevoir ce que nous entreprenons et le sens même de l’existence.
Le hasard devient un élément du sublime et donc de poésie. Accepter l’imprévisibilité n’est pas forcément une contrainte négative, bien au contraire. C’est important de repenser nos pauvres certitudes.
(...)
Que trouve-t-on dans une ville aujourd’hui ? des besoins humains liés à la maison, au travail, au transport et - si la situation économique et sociale est sereine - aux loisirs. La seule façon de concevoir un projet est de tenir compte de toutes ces données.
C’est le chaos sublime.
Réunir des besoins différents, souvent opposés, est une manière d’appréhender et de vivre les mille contradictions de notre temps. D’où le chaos. Un chaos sublime.