Brantôme
Pierre de Bourdeilles, seigneur de Brantôme est né vers 1540 à Bourdeilles, Périgord, et mort le 15 juillet 1614, dans le château de Richemont, qu’il s’était fait construire. Abbé commendataire (c’est-à-dire laïc, et désigné par le pouvoir royal et non par les moines) et seigneur de Brantôme, il va s’illustrer par les armes et par la plume en écrivant sur les « grands » et les dames de son temps. Troisième fils du baron François de Bourdeilles, Pierre de Brantôme va passer son enfance à Nérac à la cour du roi de Navarre et de Marguerite d’Angoulême (de France, de Valois, de Navarre), dite le reine Margot. À la mort de Marguerite, en 1549, il se rend à Paris poursuivre ses études, qu’il terminera à Poitiers en 1555. En 1556, il reçoit la commende de l’abbaye de Brantôme des mains du roi Henri II, qui entendait ainsi honorer la mort héroïque de son frère aîné, le capitaine de Bourdeilles. Il devient ainsi abbé et seigneur de Brantôme.
En 1558, premier voyage en Italie. Rentré en France, il se lie aux Guises, les puissants seigneurs protestants, au grand prieur François de Lorraine et à sa nièce Marie Stuart, la future reine d’Écosse, mariée alors à l’éphémère roi de France François II (1559-1560). Après la mort du roi François II, il fait partie de la jeune garde qui accompagne en Écosse la jeune veuve Marie, qui entend prendre possession de son royaume. Il nous a laissé un livre émouvant sur ce voyage et sur la reine martyre.
En 1562, Brantôme rejoint l’armée royale et participe aux combats de la première guerre de Religion entre catholiques (qu’il est) et protestants, et notamment à la bataille de Dreux.
Il se « croise » à Malaga, combat au Maroc, court à Lisbonne, à Madrid, traverse Milan, Rome, Naples et la Sicile, passe trois mois et demi à Malte, avec les chevaliers de Saint-Jean et, de retour en France, participe au siège de La Rochelle. En 1574, il met fin à sa carrière militaire et, en 1582, il s’éloigne du roi Henri III, qui vient d’octroyer la charge de sénéchal de Périgord au gendre de son frère André. Il s’apprête alors à trahir son roi et son pays en passant au service de l’Espagne, quand une chute de cheval le laisse infirme « perclus et estropié », cloué à Bourdeilles pour quatre années. Pendant les trente dernières années de sa vie, retiré dans ses terres, Brantôme partage alors son temps entre sa maison de Bourdeilles, l’abbaye de Brantôme, le château de la Tour-Blanche et sa dernière demeure, le château de Richemont. Il se consacre à l’écriture, expiant une vie agitée, vagabonde et amoureuse, en dictant ses Mémoires, souvent scandaleux, qui l’ont immortalisé.
Outre les Vies des dames galantes, il a écrit des chroniques, des récits de voyages, des récits de guerre et quelques biographies de ses contemporains. Le trait commun à tous ses écrits est son amour pour les femmes, et notamment pour celles qu’il a connues : la reine Margot ou Catherine de Médicis, par exemple.
Brantôme meurt le 15 juillet 1560 dans son château de Richemont, où il est enterré dans la chapelle.
Publiés posthumément, en 1665, dans une édition imparfaite et incorrecte, ses œuvres devront attendre le XVIIIe siècle pour lui acquérir la réputation qu’il mérite.