Au commencement la beauté
François Warin
Le beau qui ravit et ravage, ce qui se manifeste avec une force éclatante, était bien là dès le début, au commencement. Et c’est ce qui nous reste du commencement.
La découverte de l’art paléolithique, de Chauvet et de Lascaux, est un moment de rupture et de surgissement. L’idée de progrès dont notre civilisation pouvait s’enorgueillir a été retourné comme un gant, et les assises mêmes de l’homme occidental bouleversées.
La première manifestation, les premières mains du « premier homme », étaient déjà des « mains d’or », et c’est la splendeur de l’animalité qu’elles avaient choisie de représenter.
En regardant leurs mains étalées et offertes, qui ne montrent, ne prennent, ne saisissent rien et peut-être ne signifient rien, nous sommes devant la bouleversante énigme qui est au cœur du livre de François Warin.
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Au commencement la beauté
François Warin
Ce terme de premier, peuple premier, premier homme, art premier… n’a sans doute guère de sens et l’on sait qu’à Chauvet pas plus qu’à Lascaux l’art ne débute ni l’homme non plus. Et puis si un art était « premier » on peut se demander qui serait « second », qui serait « troisième »... Par leur côté ridicule de telles questions montrent bien ce que la pensée de l’origine comme toutes les considérations d’ordre scalaire peuvent avoir d’illusoires : il n’y a pas plus de hiérarchie que de progrès en art. L’art n’a ni passé ni futur, il est indépendant du temps ou de l’histoire, il est donc, au sens fort, a-historique ou pré-historique. L’art de la grotte Chauvet est jusqu’ici l’art le plus ancien qui nous soit connu. Il vient d’un monde qui nous est étranger et pourtant, anhistorique en tant qu’art, il n’appartient pas seulement au passé, au temps historique ou préhistorique puisqu’il nous émeut, comme au premier jour. Tout art en ce sens est premier dans la mesure où il naît, à chaque fois, commence et recommence sans fin.