Abbé Grégoire
Henri Grégoire (1750-1830), après le séminaire, est nommé curé d’Emberménil (Meurthe-et-Moselle). En 1788, il publie un Essai sur la régénération physique et morale des juifs, dans lequel il réclame l’égalité civile pour les juifs. Député du clergé aux états généraux de 1789, il propose l’alliance avec le tiers état, l’abolition du droit d’aînesse et plaide à nouveau la cause des juifs et des Noirs. Il adhère à la constitution civile du clergé et, en 1791, devenu évêque du Loir-et-Cher, il est élu député à la Convention. Il se montrera dès lors, et pour toujours, à la fois révolutionnaire inébranlable et chrétien convaincu. Refusant de voter la mort du roi (il a déposé une motion pour l’abolition de la peine de mort), il n’en sera pas moins calomnié et accusé de régicide.
Fondateur de l’Institut, du Conservatoire des arts et métiers, et du Bureau des longitudes, Henri Grégoire reste sincèrement chrétien, catholique et prêtre, et poursuit l’athéisme avec la même fougue que les injustices raciales ou sociales (Voltaire en particulier). « Janséniste et gallican », il siège à la Montagne et il lui arrive de présider la Convention en habit violet.
S’il semble avoir accepté le coup d’État du 18 brumaire, il donne sa démission d’évêque après la conclusion du Concordat. Après 1814, il vit retiré sous la première Restauration, les Cent-Jours et le rétablissement définitif des Bourbons, et renonce en 1822 à son titre de commandeur de la Légion d’honneur, qu’il tenait de l’Empire.
Sur son lit de mort, refusant de renoncer au serment prêté à la constitution civile du clergé, Henri Grégoire est inhumé sans service religieux.