La Femme de l’Allemand
Marie Sizun
Elles sont deux. Fanny et Marion. L’une est la mère, l’autre la fille. Elles vivent ensemble dans ce Paris de l’après-guerre, plein de promesses et de blessures encore ouvertes.
Fanny est une mère célibataire, Marion une petite fille aimante. Tout pourrait être normal mais une ombre rôde, une dissonance s’installe qui fausse leur relation. La petite fille est alertée, par instinct : la voix de sa mère un ton trop haut, ses emportements inexplicables, ses silences terribles, où plus rien ne semble la rattacher au réel. L’enfant sent le monde vaciller. Elle ne comprend pas pourquoi sa mère n’est pas comme celles de ses amies d’école, différente, si fragile, si fantasque. Si oublieuse lorsque Marion lui pose des questions sur son père qu’elle ne connaît pas, cet Allemand dont on sait bien peu de choses.
Puis Marion comprend : Fanny est « maniaco-dépressive ». Les rôles s’inversent alors. Adolescente, Marion endosse cette raison qui doucement quitte sa mère. Elle la protège, la couvre en taisant ses excès. Elle peut tout endurer. Tout plutôt que ces séjours à l’hôpital, qui les séparent. Mais il faut davantage que l’amour fou d’une petite fille pour terrasser la folie.
Nous retrouvons dans ce texte magnifique et douloureux le talent que Marie Sizun a déployé dans Le Père de la petite (sept. 2005) : les secrets de famille, les pudeurs, et l’immense amour qui rapproche et sépare les êtres.