Deuil à Chailly
Lionel-Édouard Martin
Livre épuiséSur l’échiquier de la littérature contemporaine, Deuil à Chailly s’adresse – sans toutefois d’exclusive – aux amateurs de récits courts, plus sensibles à l’atmosphère dégagée par l’œuvre qu’à l’intrigue proprement dite.
En effet, ce n’est pas la trame narrative qui vraiment compte ici ; l’histoire se résume en quelques mots : un vieil oncle vient de mourir dans un village du Poitou ; à ses obsèques, en même temps que la foule des familiers, se pressent les souvenirs du narrateur, relayé à l’occasion par la voix de sa grand-mère. Rien de bien substantiel en apparence : c’est que l’intérêt du livre est à chercher ailleurs, dans l’évocation d’un monde rural en déshérence, des légendes familiales marquées d’incertitudes et de non-dit, d’un paysage investi par le calcaire et l’eau. Le tout servi par un style qui, par sa poésie discrète (Lionel-Édouard Martin a à son actif plusieurs recueils de poèmes), rappelle parfois Ramuz, Giono ou Pierre Michon.
Ces aspects stylistiques sont renforcés par une composition originale, organisée autour de leitmotivs et de l’éclatement de la chronologie, comme, à l’occasion, dans le nouveau roman, sous la plume, par exemple, d’un Claude Simon.
Tout cela concourt à faire de Deuil à Chailly un condensé (l’œuvre est brève) d’écriture moderne, empreinte d’une sensibilité atemporelle, susceptible d’emporter l’adhésion tant de publics exigeants, soucieux de la forme, que des lecteurs aux goûts plus traditionnels et plus éclectiques.